Derrière cet énième nom barbare se cache une célèbre licence auprès des jeunes que Konami a usée jusqu’à la moelle ces deux dernières années. Toutefois on n’arrête pas les fêtes de Noël et leurs lots de bonnes affaires, d’où la sortie ce 26 novembre 2009 de Yu-Gi-Oh 5D’s Tag Force 4. On en conviendra aisément, le succès de la série télévisée justifie lui aussi amplement l’arrivée de cet épisode sur PSP. Mais par respect pour les joueurs qui sont d’abord à la recherche d’une expérience ludique, il est d’actualité de jeter un coup d’œil acéré à ce nouveau titre compte tenu de la qualité tout bonnement potable de ses aînés.
Les grands esprits se rencontrent

En vingt ans de vie, dans un mode Histoire quel qu’il soit je n’avais encore jamais vu un tel dédain pour la mise en situation. Votre héros vous est jeté au visage, sans compter qu’il n’a aucune personnalité, et on vous jette aussi dès les premiers instant vos cartes de deck à la figure (ou plutôt vous les ramassez par terre ce qui n’est pas mieux). Autrement on rencontre pratiquement tous les personnages importants en 2 min 30 s au chrono, le temps de parole qui leur est alloué tient en peu de ligne (impossible donc de leur donner de la profondeur, au même titre que notre héros), et puis pour couronner cette belle pirouette on nous lance dans la jungle des duels sans aucun didacticiel digne de ce nom. Ou disons plutôt qu’il faut le chercher loin le tutorial…
Bref, la première heure est plus que laborieuse pour peu que vous n’y connaissiez rien, ce qui nous amène à un point décisif avant même d’avoir fini avec ce test : les développeurs parlent aux fans, et uniquement aux fans. Une fois qu’on a cela en tête, on en vient à se dire que l’ambiance graphique respecte bien la série, avec ses monstres et ses héros de légendes qu’on retrouve au fil de la progression (on évitera soigneusement de parler « d’aventure » ici). Quant au système de jeu il reste le même et conviendra particulièrement aux initiés, avec la pioche, les différentes phases de réflexion (combats, séquences magies ou pièges), le passage à l’adversaire et ainsi de suite jusqu’à que les 8 000 points de vie d’un des participant tombent à 0. Il est également possible d’abandonner mais la démarche n’ayant aucun intérêt si ce n’est raccourcir l’inévitable, on évitera de s’éterniser…

Avec l’arrivée de la saison 5D dans la série télévisée on aurait pu penser que cela nous changerait définitivement des sempiternels épisodes GX. Que nenni point du tout ! Certes les décors évoluent puisque nous avons pris nos quartiers dans la ville de Domino City, mais les tons ternes et sans saveurs se multiplient, sans oublier les impitoyables temps de chargement à tout va. Une vraie plaie qui n’encourage pas aux déplacements, mais comme ces derniers sont extrêmement rigides (notre personnage n’ayant décidément rien pour lui) on aura tendance à mettre rapidement un terme au mode « aventure » et à privilégier le mode duel libre en jeu simple ou en match. Après tout cela constitue le cœur du jeu (et presque son seul intérêt avec la recherche des cartes pour votre deck), et ce n’est pas Jack Atlas qui vous en voudra de ne pas lui avoir parlé dans une des rues de la ville. D’autant plus que le temps de parole équivaut à tenter des mini-jeux plus ridicules les uns que les autres. Parce que le fameux pierre/papier/ciseaux ou les devinettes ça n’a rien de follement amusant à la longue. Par contre, le « Tag Force » étant de mise, choisir un coéquipier sera déjà plus attrayant. Seul problème par contre, on ne vous explique rien du système. Il faudra donc être prudent et bien réfléchir à sa sélection sous peine de le regretter.
Des cartes à en pleuvoir

A ce propos, cela soulève un autre point essentiel du jeu à savoir le multijoueur. En réseau local vous pourrez jouer jusqu’à quatre dans des parties plutôt sympathiques pour peu que l’ensemble des decks soit équilibré. En effet, rien de pire qu’un débutant qui se bat contre un niveau quatre, chose qu’on peut découvrir au hasard de nos rencontres dans le mode « aventure » soit-dit en passant… Une fois les premières claques passés du fait qu’on doit réapprendre les bases sur le tas (rappelez-vous, l’absence ou presque de didacticiel), on peut enfin pleinement profiter de l’aspect stratégie du jeu grâce au nombre extraordinaire de cartes enregistrés dans le système UMD. Vous voulez un chiffre ? Alors tenez-vous bien à vos chaussettes car ce ne sont pas moins de 4 000 cartes qui sont accessibles dans cet épisode ! Cela représente donc un paquet d’heures de jeu pour en voir ne serait-ce que la moitié et ce n’est pas demain la vieille qu’on vous les décrira toutes. Ce qu’il faut retenir c’est que le détail a été poussé au point que les intitulés sont en français (ce qui est un petit exploit), et que les invocations spéciales ont droit à leur petite cinématique 3D ce qui ajoute un charme indéniable à des parties qui ne se ressemblent jamais.
Seule ombre au tableau, outre l’absence d’originalité du système de jeu et les décors minimalistes (surtout sur le plateau de cartes bien évidemment), ce sont les musiques. Alors oui c’est dynamique, c’est entraînant, ça correspond à l’esprit de la série, mais ça prend surtout la tête. Impossible ou presque de se concentrer si on ne baisse pas un tant soit peu le son, qui au final passe au second voire troisième plan... Changer votre deck de 60 cartes et des poussières (à travers les achats ou le ramassage) retiendra toute votre attention ainsi que le cours des duels. A noter qu’un léger changement de stratégie s’effectue en multijoueur puisque vous devez compter avec la présence de votre coéquipier. Chacun joue un tour sur deux et possède sa propre main de carte, mais le deck en lui-même est partagé entre les membres de l’équipe. Dommage par contre qu’un mode online n’est pas été incorporé, ç’eût été pourtant si simple et enrichissant… Reste les petits bonus offerts avec la connexion au site internet, et aussi quand on gagne efficacement un duel puisque les « DP » notamment représentent de l’argent, mais dans l’ensemble on peut dire que les développeurs ont été plutôt paresseux sur bon nombre de points. Au final encore heureux qu’on ait un panel de cartes bien rempli.