Ça faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu sur le devant de la scène, Lara Croft et ses talents d'aventurière, d'exploratrice de l'extrême, d'archéologue au goût du risque nous revient dans une toute nouvelle aventure très moderne. Et le moins que l'on puisse dire c'est que de la voir reprendre des couleurs après autant de temps d'absence, et surtout après que son histoire soit totalement tombée en désuétude, fait beaucoup de bien. Reboot de la série pour le moins attendu, puisqu'ayant fait sensation (à juste titre) lors de sa première présentation, Tomb Raider change du tout au tout pour à la fois se démarquer une bonne fois pour toutes de l'image vieillotte qu'avait jusqu'à lors la licence, et aussi peut-être pour revenir se hisser pour de bon sur le podium des jeux d'aventure, concurrençant par la même le récent ténor du genre : Uncharted.
Quand Lara Croft change de visage

Qu'il est bon de retrouver notre petite
Lara après tant d'absence, ces années passées à espérer un retour triomphal sans jamais en voir les prémices. Ces années passées à se retaper encore et encore ses dernières aventures qui, il faut bien l'avouer, ont beaucoup vieilli. Et qu'il est bon de constater qu'en plus d'avoir remis la licence au goût du jour,
Crystal Dynamics a décidé de changer à la fois le design global et celui de l'héroïne. Avant, lorsque l'on évoquait
Tomb Raider, c'était l'image de cette bimbo pulpeuse, aux courbes alléchantes (n'allons pas plus loin) qui venait à l'esprit instantanément. Comme si le physique de la belle
Lara Croft était l'intérêt premier de chacun des épisodes, on en venait d'ailleurs parfois à batailler de conversation et de tentatives pour réussir à dénicher le fameux code secret pour qu'elle enlève ses habits ultra moulants... Mais fini tout ça, on oublie les big boobs et tout ce qui va avec, on oublie cette image un peu vulgaire conçue dans l'optique de créer une turgescence informe dans le pantalon de ces messieurs. Désormais la petite aventurière est une jeune femme propre sur elle, au look moderne et finalement pas très arrangé, un peu minimaliste, mais justement belle grâce à cette simplicité. En somme elle a suivi les traces d'un certain
Nathan Drake en se donnant un style contemporain et des courbes fines. D'ailleurs, puisqu'on en est déjà au moment de comparer, on a presque l'impression que les développeurs ont fait en sorte que l'on puisse comparer
Uncharted et
Tomb Raider en conférant bon nombre de similitudes au dernier né. Mauvaise chose ? Pas si sûr ! Quoiqu'en somme le titre y perd beaucoup en originalité.

Dans la longue liste que nous venons de commencer il y a aussi, toujours pour aller vers la modernité la plus plaisante, la mise en scène. Là où la série de
Naughty Dog excelle sans doute le plus, quoique ses qualités soient nombreuses en tous les cas. Et pour le coup le géant n'aura pas su rivaliser, son dynamisme haletant s'effondre vite face à l'incroyable (que dis-je ?!), l'extraordinaire immersivité de
Tomb Raider et son dynamisme scripté imprévisible et particulièrement bien fichu. S'il ne fallait retenir qu'une seule et unique chose de ce Reboot, alors ce serait bien cela : sa capacité à toujours aller chercher le rebondissement puissant qui tiendra éveillé et donnera envie de poursuivre, quoique l'on ait toujours en vue le fantôme de la licence de
Naughty Dog. D'ailleurs, comme dans celle-ci, ici il est question d'un mystère à percer, une gigantesque énigme que les hommes ont délaissé... Et de surcroît qui est désormais protégé par une bande de fous furieux armés jusqu'à la pointe de leurs cheveux gras, bien décidés à exterminer les visiteurs de l'île dont il est ici question. Si dans un premier temps le titre se révèle très minimaliste dans sa trame, puisque tout est question durant quelques heures de survie et de la recherche de nos camarades ayant échoué avec nous sur ces terres hostiles, au bout d'un moment qui n'aura pas paru long (loin de là) l'ensemble va lentement se complexifier. Sans arriver bien haut dans l'intellectuel, mais suffisamment pour attiser un peu plus l'intérêt du joueur, pour rendre plus concrète, plausible et captivante une aventure qu'on imagine au début bien trop loin des histoires passées de notre demoiselle favorite.
Au goût du jour, mais pas que

Quel plaisir de constater que le design a changé, que tout est devenu plus réaliste, plus exotique, plus... Moderne en quelque sorte. Encore une fois à la manière d'un
Uncharted, mais pas que. Car certes
Tomb Raider s'en rapproche quelque peu de ce point de vue, mais il s'en éloigne par d'autres, ce qui a pour effet plaisant de lui offrir une certaine identité. Un peu comme si l'on n'était plus devant un
Lara Croft, comme si l'on avait affaire à une nouvelle licence. Certains crieront au scandale, et ils auraient tord ! Qui dit Reboot dit remise au goût du jour, et en cela
Crystal Dynamics a particulièrement bien réussi. Plus qu'un Reboot, plus qu'un coup de chiffon sur une série qui tombait en désuétude, c'est une véritable renaissance visuelle.
Lara a été redessinée, plus mince, plus simple. Et avec elle c'est tout l'univers qui a été retaillé en partant d'une nouvelle base, une base moderne (un terme sur lequel il faut bien insister !). L'île sur laquelle on échoue regorge de détails, sa découverte est grisante tant l'ensemble est réaliste et surprenant. Rien ne manque, tout est là pour que le joueur s'investisse à fond dans la découverte de ce lieu si captivant de mystères, d'autant que vite il sera possible de s'écarter du chemin principal pour partir à la conquête du monde. Comment ne pas être émerveillé de surcroît par la richesse de cet environnement à la fois affaibli par le poids des centaines d'années ayant éreinté les constructions des hommes, ainsi que par la pousse d'une végétation touffue et rendant véritablement bien. Beau, tout simplement, et ceci même sans tenir compte de l'aspect technique. Dès lors que celui-ci entre en jeu la donne ne change heureusement pas, il est plaisant de s'en rendre compte.

Les plus regardants constateront quelques ralentissements, durant les cinématiques uniquement, ou encore un très rare alliasing. Mais le seul problème véritablement à noter réside dans quelques très espacées textures baveuses vraiment dégueulasses, et d'encore plus inaccoutumés morceaux cubiques de décors. Autant le dire de suite : c'est tellement anecdotique que cela ne mérite même pas d'apparaître dans le verdict. Non, encore une fois le travail de
Crystal Dynamics est remarquable, le moteur du jeu est tout à fait fluide même lorsque l'action est à son comble, et tout est beau, simplement beau. Comment peut-on un seul instant émettre la moindre critique sur un environnement aussi riche, beau, émerveillant, alors que l'on passera une bonne partie de notre temps de jeu à nous délecter de ses effluves exotiques. Si l'on prend en compte la taille du monde, sa diversité (passer d'une jungle étrange à des tombeaux sombres et touffus d'une végétation reprenant ses droits, des sous-terrains glauques et ensanglantés, montagnes enneigées...) et la foule de détails que le titre doit prendre en compte, comme la faune, alors
Tomb Raider est tout bonnement surprenant, magique. Et musicalement c'est presque le même constat, à un détail prêt : sa faculté à désorienter le joueur. Comprenez par là que parfois, sans raison, la musique aura tendance à véhiculer une ambiance malsaine, alors qu'il n'est guère le moment. Cependant ce n'est pas un reproche, au contraire, de cette façon le titre conserve toujours un climat de tension et d'action, le joueur est toujours à l’affût. Et en dehors de cela les morceaux sont beaux et mélodieux, et globalement en accord avec leur contexte. Et les doublages sont entièrement en français, mais ne crisez pas déjà : c'est une très bonne chose tant les doubleurs sont excellents !
La modernisation : un bon remède à la désuétude

Comment faire d'une série dont le rythme tombait en lambeau (l'image aussi de surcroît) et dont le gameplay prenait la poussière à vue d’œil un chef d’œuvre contemporain ? Tout simplement en la remaniant complètement ! Oubliez tout ce que vous connaissiez de l'aventurière de renom, dès aujourd'hui elle prend ses marques dans un monde plus moderne (encore !), collant parfaitement avec sa mise en scène cinématographique très dynamique et captivante. À grand renfort d'actions contextuelles pour commencer, dans les cinématiques et en dehors, histoire de faire comme tout le monde et de garder continuellement les nerfs du joueur dans un état d'excitation grisant. L'immersion n'en est que meilleure. À la manière d'un
Uncharted (comment ne pas comparer les deux titres ?!)
Tomb Raider allie trois phases bien distinctes, la première étant l'exploration. Tout le jeu regorge de petits objets, de trésors, de journaux d'aventuriers, de textes... Et trouver tout ceci aura pour effet direct de faire gagner de l'expérience et ainsi permettre de se payer des compétences spéciales pour parer au mieux aux éventualités futures. Fouiner permettra aussi de trouver des matériaux qui seront utiles à la customisation de l'équipement de
Lara, ce qui se révèle plaisant très vite, puisque chaque arme trouvée ne dispose, au début, pas de caractéristiques très encourageantes. De surcroît, explorer est un moyen de tomber sur de multiples tombeaux cachés dont la taille et l'intérêt varie, et ainsi d'augmenter énormément la durée de vie déjà bonne du titre. Alors qu'en ligne droite on mettra déjà un paquet d'heures pour boucler l'aventure, entre huit et douze, mais en ajoutant cela c'est tout bonnement excellent.

Seconde phase importante : la plateforme. Plus qu'une passion, c'est un art de vivre chez
Lara Croft, on la connaît aussi pour cela. Et ici il faut avouer qu'elle se débrouille plutôt bien et que son panel de mouvements et d'actions est grisant, tant et si bien que faire de la grimpette dans les environnements n'est jamais ennuyeux, d'autant que vite il y a possibilité de s'écarter du chemin tracé par l'histoire pour trouver des milliers d'objets et lieux cachés (cela permet aussi d'admirer certains paysages pour le moins renversants). Et enfin, pilier de ce nouvel épisode, ce qui lui vaudra une énième comparaison avec la série de
Naughty Dog : la baston ! Que ce soit bien clair,
Lara a beau être une néophyte dont les bras et l'esprit ne sont pas encore forgés par les années de labeur, la jeune femme se défend particulièrement bien, et c'est d'ailleurs une qualité que nous ne lui reprocherons pas car la demoiselle en a grand besoin. Poursuivie par une bande de fous furieux désireux de tuer tout l'équipage du bateau échoué (ou plutôt tout visiteur, tout court), elle devra vite savoir manier les armes à feu, l'arc et la pioche... Un programme alléchant et rappelant beaucoup
Uncharted, surtout lorsque l'on constate que le titre est pourvu d'un système de couverture et de bidons rouges (pas seulement d'ailleurs) permettant de prendre à revers les sens des ennemis. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas été dotés de la plus mauvaise IA qui soit, puisqu'ils auront des réactions très plaisantes et intelligentes, et surtout changeantes, tout en restant continuellement agressifs. S'il fallait impérativement faire un reproche à
Tomb Raider alors ce serait sa tendance à faire empiéter un peu trop l'action sur le reste au bout d'un moment. Heureusement, les dosages sont suffisamment bien réalisés pour que le titre soit toujours plaisant à parcourir. Toujours !
Une richesse extraordinaire

De prime abord
Tomb Raider semble assez plat, linéaire, on a un peu l'impression qu'on nous a menti sur la marchandise. Mais les premières impressions sont parfois trompeuses (si ce n'est souvent d'ailleurs), et très vite on constate une richesse qui ne fera que croître au fur et à mesure que l'on s'enfoncera dans l'aventure. Une richesse sur tous les tableaux, c'est à dire que le gameplay regorge de détails, à commencer par un système de customisation ou encore d'expérience (bien fichus de surcroît), les environnements aussi (tombeaux facultatifs, mini quêtes annexes, objets à trouver...), et visuellement le titre ne cesse de se tirer vers le haut, avec une diversité et une complexité toujours plus impressionnante. Que dire de plus ? Que dire si ce n'est que pour un Reboot le titre fait fort, que l'on n'avait pas connu de pareille renaissance depuis... Depuis tellement longtemps qu'il est impossible de se rappeler depuis quand avec exactitude. Tout en s'emparant de codes modernes, certains pris à
Uncharted et d'autres ailleurs (un peu trop à la licence susnommée cependant), le titre ne cesse de se renouveler et garde en allène le joueur sans jamais que ce dernier n'ai la moindre envie de lâcher sa manette. Un chef d’œuvre à n'en point douter, un grand cru qui donne envie d'oublier toute la série pour ne se concentrer que sur ce nouvel opus-ci ! Même si, il faut bien l'avouer, son multijoueur est loin de la perfection puisque bien trop classique, bateau, et pas forcément bien conçu. Même si le titre dans son ensemble est perfectible en quelques points dont la difficulté un poil trop variable (quoique globalement il soit assez simple). Même si on cherche toujours à quoi sert la « survie » puisque son intérêt reste encore à prouver une fois qu'on a terminé l'aventure. Même s'il n'est pas pourvu du meilleur scénario qui soit...
Crystal Dynamics a fait simple, mais il a fait bien, et on remercie sincèrement ce studio de s'être chargé du boulot à sa façon car on imagine mal comment
Tomb Raider aurait pu être meilleur !