Véritable fleuron graphique de la PlayStation 3, le premier Motorstorm avait réussi à remettre au gout du jour les courses off-road où les coups de pare-choc font partie intégrante de l’épreuve. Néanmoins, les défauts étaient nombreux et le titre d’Evolution Games manquait clairement de finition au niveau du confort et de la profondeur. Cette exclusivité Sony remet-elle les pendules à l’heure avec une concurrence aujourd’hui impitoyable ? Réponse.
Jouer dans la gadoue à quatre

Il nous a donc fallu deux ans pour attendre une suite venant des créateurs de la série WRC. Il va sans dire que la force du précédent opus venait des nombreux choix de véhicules proposés au joueur et surtout de la possibilité d’emprunter plusieurs chemins différents pour arriver à ses fins. Ainsi, une moto était plus apte à courir sur une route sèche et étroite séparée de plusieurs tremplins qu’un camion bien plus à l’aise sur des chemins boueux et larges. Et bien on peut dire que la formule ne change quasiment pas, et c’est tant mieux. Elle a même été accentuée et bien mieux équilibrée puisqu’une voiture de rallye a encore plus de mal à rouler sur un terrain rocailleux qu’auparavant. Mais avant de parler du gameplay en profondeur, revenons sur les retouches et ajouts.
Le peu de choix dans les menus était le principal inconvénient de Motorstorm, cela se limitait au mode solo très redondant où l’on enchainait plusieurs courses d’affilées et un mode multijoueur en ligne où le peu de lisibilité empêchait le joueur de s’y investir concrètement. Le jeu avait ainsi le cul entre deux chaises puisqu’on avait bien plus de plaisir à plusieurs mais le peu d’options disponibles nous poussait plutôt à jouer du solo, ce n’est pas l’ajout du contre-la-montre quelques semaines après qui dira le contraire. En clair, on lâchait bien trop vite le soft d’Evolution.

Motorstorm 2 est donc bien plus garni que son ainé. Le solo est plus long, le contre-la-montre est resté mais c’est surtout au niveau du multijoueur que les plus gros changements ont été apportés. En effet, on a toujours la possibilité de jouer en ligne, cependant on peut enfin se fritter entre potes sur le même écran chez soi. Une option aujourd’hui très peu présente dans n’importe quel genre qu’il est bon de souligner et d’encourager. La perte graphique se fait légèrement ressentir mais, pour compenser, vous aurez avec vous huit concurrents gérés par la PlayStation 3 pour rendre la course encore plus amusante et revancharde. Quant au online, il a été amélioré avec un système de grades ainsi qu’une recherche automatique pour rassembler des joueurs en quelques secondes, à l’instar de la Xbox et de son Matchmaking; et si quelques contacts vous accompagnent, vous avez la possibilité de créer un groupe pour ne pas être séparé à chaque fin de course. On aurait tendance à pester de ce système lorsqu’on le voit la première fois, car il n’est pas rare de tomber sur des parties injouables dues au lag sur d’autres jeux, mais il est ici bien implanté et plutôt pratique grâce notamment à un filtre par région. De toute façon, vous avez toujours le choix de créer un serveur dans une partie personnalisée pour vous sentir en petit comité. Bref, le multi est complet et ce sera toujours avec un total de douze véhicules qu’on courra à travers la nouvelle ile paradisiaque de Motorstorm 2.
Au revoir la sécheresse, bonjour l'humidité

Fini donc le désert aride du premier opus, c’est aujourd’hui sur une île tropicale que les huit classes de véhicules à notre disposition parcourront ses terres. Outre l’apparition de nouveaux et anciens modèles, c’est surtout la venue du Monster Truck qui fera jaillir une certaine excitation. Agile, il peut ainsi rouler n’importe où si la route devant lui est assez large, écraser ses concurrents sans broncher et ne quasiment pas ralentir si la piste est inondée d’eau. Un vrai régal. On ne peut pas en dire autant du quad dont la physique, toujours gérée par le moteur Havoc, est vraiment affreuse et trop rigide pour prendre du plaisir. En effet, si une malheureuse pierre passe sous nos roues, cela se finira en un court tonneau. Assurément la catégorie la moins réussie. En tout cas, ceux qui auront déjà touché le soft reprendront très vite leur marque avec cette jouabilité sur ressort avec beaucoup d’inertie. Déstabilisante et difficile au départ pour les débutants, elle s’avère plutôt fun et déraper sur une centaine de mètres dans la boue est un pur bonheur.

L’eau, le feu, la terre et le ciel, voici le thème principal de ce Motorstorm. Seize courses divisées par les quatre éléments, cela change radicalement du désert américain. Les pistes sur le thème de l’eau s’accentueront vers les plages et vallées humides, le feu sur les chemins escarpés d’un volcan où il n’y a que cendres et coulées de lave, la terre se courra plus en profondeur de l’île avec ses grandes forêts tropicales, et enfin l’air se jouera en altitude sur un cratère éteint ou bien proche d’un ravin haut de près d’une centaine de mètres. Comparé à son ainé, c’est donc le double de circuits qui s’offre à vous, et c’est surtout une plus grande diversité dans les environnements et une nouvelle subtilité dans le gameplay. En effet, à l’instar d’Excite Truck, on aura la possibilité de rafraichir notre moteur dans des étendues d’eau et ainsi récupérer bien plus de boost qu'en temps normal; par contre, les zones chaudes près des volcans feront monter dangereusement notre jauge de turbo au risque d'exploser le moteur si on est trop peu vigilant. Les courses sont donc plus tactiques mais il ne faudra pas espérer gagner avec cette seule option. Une connaissance précise de la piste étant bien plus primordiale pour jouer la victoire.

Dans ces environnements, les couleurs sont tantôt chaudes tantôt froides, et le moteur du jeu est très rarement à la peine pour afficher les seize concurrents en piste. Malgré la quantité d’objets affichés à l’écran, il faut avouer que celui-ci a quand même bien vieilli en presque deux ans. L’aliasing est malheureusement toujours là, les véhicules et tracés sont excellemment bien modélisés mais les textures, surtout celles du sol, sont parfois fades voire baveuses, et apercevoir les limites de la piste par un petit espace entre deux textures est fort dommage. Pour finir, on assistera parfois à quelques bugs de collisions. Notre véhicule se mettra alors à exploser sans comprendre le pourquoi du comment alors qu’aucun obstacle ne l'a touché. Heureusement que tous les effets redonnent un peu de punch avec des ombres dynamiques au poil, des effets volumétriques corrects, des salissures en temps réel et une profondeur de champ plutôt impressionnante. Il est d’ailleurs possible de jouer à n’importe quelle heure de la journée sur chaque tracé mais il n’est plus permis de choisir une course de nuit. Tant pis.
L'I.A. de trop...

Le solo baptisé « festival » sera lui aussi séparé par les quatre éléments, mais n’espérez pas avoir un championnat long et passionnant avec un système de points, ce n’est encore une fois qu’un enchainement de courses où le seul véritable but est de garnir son garage de nouveaux modèles. Evolution Games a justement voulu dynamiser celui-ci par des épreuves d’élimination, le dernier pilote est éliminé après un délai de 15 secondes, et à checkpoint, on passe une cinquantaine de portes avant que le temps arrive à zéro, cependant elles reviennent beaucoup trop souvent et la dernière épreuve citée demande une bonne mémoire puisqu’on ne voit que le premier checkpoint et non le suivant. On doit donc imaginer et prévoir où se situe le second pour amorcer la meilleure trajectoire possible. Ce qui est parfois ardu et nous obligera à recommencer plusieurs fois. En clair, seuls les plus téméraires auront le courage de les finir.
L’I.A. a été légèrement modifiée et est un petit peu moins hargneuse que dans le précédent volet, cependant il faudra toujours s’attendre à de la triche venant d’elle. Impossible de rattraper le peloton de tête tant qu'elle ne l’a pas décidé ou restera planquée derrière vous par groupe de dix en attendant que vous vous crashiez. On désespérera aussi, dans les niveaux les plus difficiles, lorsqu’un buggy sorti de nulle part ruiner notre course en allant à une vitesse anormalement élevée (L’I.A. essayant à tout prix de reprendre sa place après s’être crachée) et défonçant sur sa route notre pauvre moto. Bref, un mode solo qui n’est pas encore à la hauteur.