À chaque genre son grand cru, et du côté de l'infiltration/action on tient même l'une des licences les plus appréciées et suivies du monde vidéoludique : Metal Gear. Quatre épisodes magistraux avec aux commandes un grand homme renommé que l'on ne présente plus. Mais lorsque ce monsieur Kojima n'est plus aux commandes, on imagine instantanément la donne changer, la série perdre en qualité et s'enfoncer dans un intérêt bien trop moyen si ce n'est désuet. Pire lorsqu'une nouvelle équipe, n'ayant jamais tâté du géant Metal Gear, doit se charger du développement d'un tout nouvel opus, surtout lorsque ce dernier (une première) change radicalement de style. Beat'them'all bourrin au dynamisme assumé, Rising : Revengeance aura connu bien des péripéties avant de terminer entre les mains expertes de Platinum Games, un studio qu'on apprécie pour son travail remarquable sur nombre de titres tels que Bayonetta ou Vanquish, à cent mille lieux des originales aventures de notre bien aimé Snake. Dieu nous garde des faux pas, ce spinn off pêchu est un mélange pas si désagréable d'action et de réflexion... Quoique !
Faites la guerre pas l'amour !

En terme de complexité scénaristique,
Metal Gear Solid 4 faisait fort. Entre ses lignes directrices diverses se rejoignant pour un final grandiose quoique contestable il y avait de quoi se poser de multiples questions et s'imaginer de multiples suites directes ou indirectes. Et parmi les plus prenantes histoires parallèles dont on voulait connaître le futur il y avait celle de Raiden, alias Jack (l'éventreur de son petit surnom), ancien protagoniste de l'épisode numéro deux et récemment devenu cyborg pour le compte de Maverick, une organisation luttant pour le bien à travers le monde entier. Sa classe magistrale, son charisme en partie intrinsèque à son statu de semi-immortel et son passé à la fois ingrat et palpitant... Tout fait de ce personnage étrange et taillé pour devenir protagoniste un parfait héros à double face dont les erreurs de parcours et maltraitances infantiles alimenteraient, pourquoi pas, un avenir sur la voie de la justice. De surcroît, qui n'a pas rêvé d'incarner le nouveau Jack lorsqu'il l'a découvert sous le soleil d'Afrique, arborant son nouveau costume métalique et baladant sous le nez des mercenaires son katana électronique surpuissant taillant quiconque en sushi sans peine ? Personne sans nul doute. Personne n'aurait résisté à la tentation si
Metal Gear Solid 4 proposait l'option « jouer avec Raiden », et c'était presque un soulagement, une jouissance extraordinaire, de découvrir que ce-dit personnage serait le héros de
Rising : Revengeance.

Incarner un héros au passé mitigé et à l'avenir incertain, voilà qui a de quoi animer une passion inébranlable. D'autant qu'on l'imagine bien perdurer, résister au moins jusqu'à un hypothétique
Metal Gear Solid 5, et donc rester dans
Rising : Revengeance le héros immortel aux deux visages qu'il inspirait précédemment. Mais il y a toujours (ou presque) un « mais » qui vient s'ancrer dans le rouage de l'excellence pour le faire sortir de ses gonds, et en l'occurrence il est d'une taille improbable. Alors que par le passé la série de
Kojima flattait nos cellules grises via des scénarios exceptionnels et ultra complexes, reprise par
Platinum Games elle a perdu tout ce qui faisait de son histoire une palpitante course aux réponses et aux rebondissements. Autant être clair de suite :
Metal Gear Rising : Revengeance est un navet, un gros nanar prévisible faisant uniquement la part belle à l'action la plus dynamique qu'il soit possible d'imaginer ! Il était possible de monter tellement d'histoires extraordinaires en partant de la magie d'un personnage comme Raiden, et à la place les scénaristes ont pondu une sauce sans goût, seulement bonne à donner un semblant de fond à un enchaînement de tableaux explosifs. Encore question des patriotes (vaguement évoqué cependant), quoique
(ATTENTION SPOIL) ils n'existent plus vraiment ; encore question de l'économie de guerre et des mercenaires intrinsèques ; encore question d'une grosse organisation de méchants voulant se faire de l'argent et changer le monde... Tout sonne comme avant sur le papier, sauf que pour le coup c'est raté et le charisme qui faisait la force des ennemis a totalement disparu, de surcroît l'histoire est totalement plate. Décevant est un terme encore trop faible pour qualifier cela.
Puisqu'il faut bien vivre avec son temps

Puisque suite directe d'un scénario parallèle de
Metal Gear Solid 4, ce nouvel opus devait conserver quelque chose de l'épisode dont il s'inspire, outre des personnages. En toute logique le design est lui aussi très similaire, quoique le bébé de
Platinum Games nous plonge dans un monde bien différent de celui précédemment visité. S'il a gardé un grain jaunâtre identique aux premiers niveaux du dernier
MGS numéroté de prime abord, très vite on abandonne tout ce qui était connu pour se concentrer sur de touts nouveaux environnements bien loin de ce que l'on connaît de la série. L'ensemble est à la fois futuriste et propre, bien plus que par le passé, presque immaculé. A la fois le cadre et le design changent beaucoup, même si quelques passages nous ramènent à des milieux plus banals. Et finalement, une fois arrivé au terme de l'aventure, il n'y a plus aucun doute sur le fait que cette dérive a beaucoup fait gagner au titre, d'autant que ce dernier s'éloignait déjà suffisamment de l'univers pré-établi pour se permettre le plus de facéties possibles sans encombre. La patte des créateurs de
Vanquish et
Anarchy Reigns (pour ne citer que ceux-ci) a bien imprégné toute la progression qui arbore désormais une action survoltée et des effets spéciaux à tout va. Adieu réflexion et bonjour charcuterie et étincelles ! Et comme à l'accoutumée chez le studio le résultat est tout bonnement stupéfiant, à la fois jouissif même sans toucher la manette, et démarqué des autres productions sans pour autant couper le cordon avec
Metal Gear Solid 4. Le design des protagonistes est excellent et fouillé, et même en tenant compte de la très courte durée de jeu il s'avère que
Rising : Revengeance< est très diversifié dans ses teintes et ses environnements.

S'il ne fallait parler que de direction artistique, alors tout serait parfait, quoique certains stages paraissent un peu vides de détails et répétitifs. Cependant rien n'est aussi simple, c'en est même dommage. Il est dommageable de devoir tacler un certain alliasing par exemple, ainsi que d'extrêmement rares saccades durant les cinématiques. Il est dommageable de devoir prendre en compte le brouillon de certains passages, notamment contre des boss un peu pêchus. Et enfin il est dommageable de devoir rapporter des effusions de sang pas très jolies, alors que l’hémoglobine fait partie intégrante de ce titre qui n'y va pas de main morte lorsqu'il s'agit d'hyperbole dans l'action et la violence. Tout ceci fait perdre un peu de sa superbe à un jeu pourtant reluisant et appétissant sous bien des aspects, d'autant que malgré tout il reste en accord avec son temps, même si on concédera aux plus regardants que le moteur utilisé n'est pas éblouissant. Ce qui mettra tout le monde d'accord cependant, que l'on aime ou non ce type de musique, c'est que le rock/metal hard et assez gras que les baffes de la télévision évacueront mettent dans l'ambiance instantanément et donnent du crédit à l'action survoltée même lorsqu'elle est pathétique d'improbabilité. De surcroît son côté épique n'aura de cesse que de donner envie de poursuivre la partie et de découper tout ennemi s'opposant à l'aventure de Raiden, et hérissera le poil d'excitation et d'envie lors des combats contre les boss, sortes de moments de bravoure surpuissants dont nous sommes les acteurs. Les voix originales anglaises ont été conservées, et les doublages sont toujours aussi bons, quoiqu'à certains moments on leur reprochera d'être surjoués... Ce qui est malheureusement intrinsèque au texte (et au scénario) assez niais dans l'ensemble.
Vanquish + Bayonetta = Revengeance ?

Facile, lorsque l'on tente d'imaginer à quoi ressemblera son prochain jeu, de faire un amalgame de ce que l'on connaît de
Platinum Games, à savoir des titres pêchus aux univers différents, quoique la patte de ce studio qu'on aime tant soit reconnaissable. Et on aurait tord ici de se priver, car somme toute, si l'on regarde bien le résultat, ce
Metal Gear Rising ressemble plus ou moins à une sorte de mélange savant entre
Vanquish et
Bayonetta. Certes, sur le papier ça fait un peu désordre, on s'imagine une mixture bizarre aux relents peu ragoûtants. Cependant on connaît bien
Platinum, difficile de l'imaginer pondre une daube sans nom et totalement irréfléchie, même si certains auront qualifié
Anarchy Reigns de la sorte. Tout est calculé, certains des plus gros atouts de chacun des deux titres susnommés ont été regroupés ici et calqués sur le travail d'ores et déjà réalisé avant que la main ne change. Cela donne un gameplay et des idées tout bonnement saisissantes, surpuissantes, quoique dans l'ensemble rien ne soit réellement innovant. On prend des idées un peu partout pour les retranscrire ici, à commencer par un dynamisme intrinsèque à
Vanquish, et une technicité à
Bayonetta. On vire le système de couverture et on le remplace par une parade dont la commande est à la fois ultra dynamique et particulièrement bien pensée, puisque pour réussir à contrer chacun des coups de l'adversaire il faudra suivre son mouvement via le stick en continu. Et on pourrait s'imaginer que le titre perdrait les moins vifs d'esprits, car il faut bien se concentrer sur l'écran et sur chacun des ennemis pour ne pas se faire avoir, ce qui... Est vrai ! La difficulté est corsée, comme d'habitude, et sans détour il faut comprendre que si vous êtes néophyte alors vous devez passer par la case Facile, sans quoi vous échouerez lamentablement assez vite.
On dé-complexifie quelque peu le game system, en faisant par exemple en sorte que le nombre d'enchaînements soit réduit (sans perte de qualité évidemment), et on ajoute une utilisation fort plaisante du katana de Raiden permettant de trancher ses ennemis précisément. Une fonction sur laquelle
Afro Samurai n'aurait pas craché, le titre par
Namco Bandai avait tenté de réaliser quelque chose de très similaire sans réussir à le rendre aussi intuitif et jouissif. D'ailleurs ces termes sont presque insultants tant ce que
Platinum Games a conçu est plaisant ! Mis bout à bout, ces détails font que
Metal Gear Rising : Revengeance est loin d'être aussi basique et bourrin qu'il ne le laisse entrevoir de prime abord. Il faudra bien réfléchir et rester sur mégarde pour ne pas se faire soi même découper en rondelles, et tout cela à une vitesse plutôt importante (encore une petite ressemblance à
Vanquish) qui ne manquera pas de faire battre notre cœur un peu vite à certains moments. N'y allons pas par quatre chemins, en terme de gameplay pur et dur ce Beat'them'all est une franche réussite, d'autant qu'il ne fait pas qu'allier toutes les qualités susnommées, il les complète par des actions contextuelles toujours plus dynamiques. On aurait presque oublié le « mais », cet espèce de traître qui vient nous poignarder alors que notre libido vidéoludique nous fait prendre un pied monumental. Mais (donc!),
Metal Gear Rising est très court. Vraiment très court !! Cela signifie qu'en mode Normal vous en verrez le bout en cinq à sept heures grand maximum, et en Facile (jamais rebutés par une quelconque difficulté) environ 3h... Et on a eu beau chercher quand les crédits se sont affichés, ce n'était pas une caméra cachée ! Quelques missions bonus viennent ajouter une heure ou deux au panier, mais leur intérêt est bien trop limité et c'est une manière bien trop artificielle de gonfler la durée de vie... Quel dommage !