La convivialité, les courses endiablées, le culte de la performance mais aussi des fourberies les plus viles, autant d'éléments qui ont fait le succès de la série des Mario Kart au fil des générations de consoles. Il faut toutefois reconnaître que le plombier et sa troupe de pilotes ont connu des hauts et des bas, ou plutôt un bas avec l'épisode Double Dash sorti sur Game Cube, qui n'avait pas vraiment su offrir la dose de fun et de nouveautés que les fans attendaient. Voyons voir si ce tout nouveau Mario Kart Wii saura remettre à l'honneur la saga sur console de salon.
Si on avait pu reprocher à
Double Dash une conduite un peu trop molle, sachez d'ores et déjà que cet épisode Wii se veut beaucoup plus proche d'un
Mario Kart DS dans sa substance, plus nerveux et plus réactif. Oubliez ici l'idée du kart à deux pilotes, on reprend un style plus classique mâtiné de l'accessibilité tant vanté du pad de la Wii. On tient donc la Wiimote à l'horizontale, telle un petit volant, et on tourne à gauche ou à droite pour diriger son bolide de la même façon que le jeu
Excite Truck nous le proposait. Pour faciliter la prise en main, Nintendo a pris soin de nous offrir avec le jeu le Wiiwheel (50 euros les deux), simple volant en plastique dans lequel on insère la télécommande et qui assure une bien meilleure ergonomie. On est donc armés pour affronter les autres concurrents, simiesques, sauriens, mycosiques ou ectoplasmiques, à travers 16 courses inédites et autant adaptées des épisodes précédents. Autant le dire tout de suite, le fun est bel et bien présent avec ce nouvel opus. Conduire avec le volant nécessite un certain temps d'adaptation pour les habitués du stick mais une fois les mécanismes de jeu en main, soit après une petite heure de jeu, on s'amuse pour de bon.

Au rang des nouveautés, sachez qu'il est possible d'exécuter des figures pendant les sauts en secouant simplement la Wiimote, ce qui vous procurera un boost à l'atterrissage. Cette fonction est non seulement indispensable pour s'en tirer avec les honneurs mais aussi simplement jouissive. Les sensations sont bonnes et on prend vraiment plaisir à enchaîner les figures sur les divers tremplins ou rampes pour accumuler les boosts. Ajoutez à cela le traditionnel dérapage turbo qui a été pour le coup un peu revisité. Alors qu'on avait été habitués jusque là à braquer et contrebraquer pour déclencher les fameuses étincelles rouges annonciatrices du turbo (les connaisseurs comprendront),
Mario Kart Wii élimine tout bonnement cette interaction en rendant ce système automatique. En d'autres termes, il suffit simplement de déraper un certain temps, et sur un angle suffisant, pour provoquer ce fameux turbo. Le changement est de taille puisqu'il interdit tout simplement d'enchaîner rapidement les boosts et donc de pratiquer la sacro-sainte technique du
Snaking. Voilà de quoi rebuter un bon nombre des fans du contre la montre et des records de folie. N'espérez d'ailleurs pas faire exploser le chronomètre grâce au Wiiwheel. La réactivité est bonne mais vraiment insuffisante lorsqu'il s'agit de faire de la performance. L'usage de l'engin apparaît d'ailleurs explicitement lors des parties en ligne, ce qui présente un peu l'objet comme un handicap. On peut toutefois lui reconnaître cette qualité de rassembler à la fois les nouveaux joueurs peu habitués au pad traditionnel et les hardcore gamers recherchant la difficulté. Les autres reviendront rapidement au couple Nunchuk - Wiimote ou bien à la manette Game Cube.

Cela n'empêche que
Mario Kart Wii est fondamentalement amusant et, malgré ces simplifications de gameplay, beaucoup plus fun et réussi que son grand frère. Les nouvelles pistes sont pour la plupart très bien conçues, tordues et colorées à souhait, tandis que les courses réadaptées nous proposent de les redécouvrir d'une nouvelle manière. Comptez donc au total huit grand prix et quatre mode de difficultés, de quoi s'offrir plusieurs heures de courses trépidantes et parfois aussi terriblement frustrantes! Les coups bas sont légions et il est assez courant de perdre 5 places au classement à quelques mètres de la ligne d'arrivée à cause d'une maudite carapace bleue. C'est aussi ça l'esprit Mario Kart et force est de reconnaître que l'idée de se faire pourrir à n'importe quel instant a toujours ajouté beaucoup de piquant au jeu. Pour diversifier le challenge, ce nouvel épisode nous propose également de conduire toute une série de deux roues. Loin du simple gadget, ces bolides offrent une réelle différence dans la conduite, plus nerveuse, plus spontanée, mais aussi plus précaire. On note aussi quelques différences dans les mécanismes de jeu : pas de super dérapage turbo pour les motos, mais la possibilité de faire des Wheeling pour s'octroyer une légère accélération, tout en se mettant bien sûr dans une position assez vulnérable. Dans l'ensemble les deux types de véhicules se complètent assez bien, même si pour ma part, les karts gardent ma préférence. Notez également que de nombreux modèles sont déblocables au fur et à mesure des grands prix remportés, pour s'adapter à la conduite de chacun.

S'ajoutent à cela les habituels et classiques modes de jeu. La bataille, le contre la montre, les courses simples. Pas de grand dépaysement si ce n'est les batailles qui ont un peu revu leurs règles du jeu. En mode solo, le "chacun pour soi" est tout bonnement absent de cette version. On ne peut dorénavant s'affronter que par équipe, les rouges contre les bleus. J'ai été personnellement assez déçu par ce mode de jeu. Les arènes regroupent 12 concurrents ce qui rend le tout assez brouillon et illisible. On ne s'identifie pas à ses adversaires, impossible de prendre en chasse l'un d'eux tant les arène sont vastes. Du coup on se contente de chercher les karts de la couleur adverse et on tire, ce qui enlève tout de même une grande partie du charme de ce mode de jeu. La chasse aux pièces, quant à elle, est amusante mais souffre des mêmes défauts. Le déroulement des combats est trop arbitraire et en somme tout dépend de la prestation de vos partenaires, ce qui rend ces modes de jeu simplement frustrants. Il vaudra donc mieux se rabattre sur une bonne vieille partie entre potes.

Le mode en ligne est, quant à lui, vraiment digne d'intérêt. Bien fichu, facile d'accès, on peut lancer une course en un rien de temps contre 11 adversaires éparpillés dans le monde... enfin presque. Bizarrement, même en sélectionnant la rubrique "mondiale", je n'ai pu affronter jusque-là que des européens. Peut-être que la compétition deviendra vraiment mondiale par la suite. En tout cas, les temps de chargement restent raisonnables et le système de codes ami est un peu moins rébarbatif qu'auparavant puisqu'on peut inviter directement ses contacts via un message, ce qui évite de rentrer manuellement les codes. On regrette toutefois que les parties ne soient pas programmées en fonction du niveau des joueurs. La sélection des concurrents est aléatoire et parfois, le peloton s'étire tellement que la course devient sans intérêt. Espérons que des mises à jour nous seront proposées pour corriger ces défauts. Dans l'ensemble, le serveur semble en tout cas plutôt fiable. Avec une connexion Wifi de 8 Mega, je n'ai eu aucun problème de lag durant les courses, hormis quelques carapaces qui traversent parfois un concurrent, celui-ci ne subissant les effets de l'attaque qu'une petite seconde plus tard. En tout cas, il va sans dire que ce mode en ligne rallonge énormément la durée de vie du titre.

Ces questions techniques nous amènent à celle des graphismes, que je ne traite finalement qu'en toute fin de ce test puisqu'elle est loin d'être la plus importante. Si les Mario Kart font souvent office de vitrine technologique pour les consoles qui les accueillent, on peut dire que ce dernier né est un peu en deçà des standards habituels. Sans être moche, la finesse des graphismes ne nous laissera pas un souvenir impérissable. A vrai dire, je pense même que l'épisode Game Cube proposait une apparence plus travaillée, en tout cas plus représentative de ce dont était capable la console. Ici, on est assez loin de la grande réussite de Super Mario Galaxy. Je jouais pour ma part en 60 Hertz, je n'ai donc pas eu un seul ralentissement. Mais il parait que le mode 50 Hertz subit quelques saccades assez gênantes en pleine course. Espérez donc que votre téléviseur supporte le format approprié.
Finalement, on peut dire que
Mario Kart Wii fait oublier la petite déception de
Double Dash. Le jeu est fun, rythmé et inventif. La petite touche interactive du Wiiwheel est bien conçue et saura plaire aux nouveaux joueurs. On peut regretter toutefois un certains nombres de petites fautes qui rendent le tout un peu plus amer, au premier rang desquelles le mode bataille, un peu mal senti. La disparition du
Snaking et l'aspect graphique tout juste correct nous laissent penser que ce Mario Kart n'a pas été peaufiné jusque dans les moindre détails. Le jeu est d'ailleurs sorti moins d'un an après son annonce à l'E3 dernier, ce qui est assez inhabituel pour la série. Le temps de développement a donc peut-être été volontairement restreint pour pouvoir proposer le soft dès le printemps et combler ainsi le vide criant de vrais jeux sur la console. Quoi qu'il en soit, pour 50 euros le minipack (jeu + wiiwheel), Mario Kart Wii est assurément un indispensable dans n'importe quelle ludothèque qui se respecte.
Note sur le "T-Go Kart NW" de ThrustMaster

Petit commentaire quant au dernier volant NW de ThrustMaster, le
T-Go Kart (
cliquez ici pour sa fiche officielle/complète).
Le volant vendu avec Mario Kart est relativement basique et n'entraîne pas forcément un grand plaisir à jouer avec. De plus, il est plus petit et peut mal se tenir. Il a néanmoins le mérite de se caser dans un coin de meuble et d'être vendu avec le jeu.
Thrustmaster a sorti un volant possédant un grip en caoutchouc. Sa plus grande taille permet de le tenir en "10h10" et ainsi de mieux contrôler les virages. On apprécie l'objet qui amplifie le plaisir de jouer sans la manière "classique". Avis donc aux amateurs de sensations qui aiment la conduite sans la combinaison wiimote/nunchuck, si vous avez quelques euros à dépenser pour un accessoire, vous pourriez être intéressé par cet objet.