Sur la brèche, Hitman revient enfin pour un nouvel opus, désormais disponible dans les boutiques, sur les supports PC, PlayStation 3 et Xbox 360. Ce Hitman Absolution, se veut plus accessible, mais vraiment rien qui ne puisse émousser ses méthodes expéditives. Chouette alors !
Choyés depuis douze ans par le studio IO Interactive, Les Hitman n’auront finalement connu que peu de changements dans le fond, uniquement une approche de plus en plus aiguisée, un effort constant vers la perfection, dans un genre devenu depuis légion : l’infiltration. Père, ou mentor, de la saga des Assassin’s Creed ou des deux derniers Batman version Rocksteady, la série se devait d’évoluer avec son temps, de montrer qu’après de longues années, et après un solide Blood Money, qu’elle pouvait toujours rivaliser avec les derniers blockbusters du genre.
C'est reparti mon kiki

Aussi à l’aise avec deux flingues à la main, qu’avec un objet contondant récupéré sur le terrain, 47 rivalise désormais avec les héros de John Woo, se lançant dans une suite d’éliminations chorégraphiées aussi élégantes que mortelles, mais pouvant aussi carrément foncer dans le tas pour enchaîner les gungfights endiablés. Les anciens vont sans doute crier au scandale de voir ainsi leur assassin chéri, chantre de la discrétion, devenir un bourrin de service, mais il faut reconnaître qu’IO Interactive (bien plus à l’aise que sur les deux Kane & Lynch) a soigné le tout en termes de mise en scène et de dramaturgie. Pas question ici de retrouver la construction fermée en missions successives, l’agent 47 est vraiment au centre du scénario, montrant autant ses ambivalences (le meurtre de Diana, son ancienne agent de liaison) que se part d’humanité, comme le montre la phase de jeu dans laquelle il traverse un orphelinat blindé d’agents mal intentionnés, à la recherche d’une petite fille. Nous vous garantissons, que cette nouvelle épaisseur enfantine, est bien plus crédible que dans Hitman, le film caviardé par Mister Luc Besson, auquel Absolution apporte une réponse plus ambitieuse.
Toujours la même recette

Le principe d’Hitman a toujours été simple : tuer la ou les cibles désignées, par n’importe quel moyen. Chaque niveau/contrat propose au bas mot une dizaine de façons d’exécuter sa proie, de la plus subtile à la plus violente. Tout l’intérêt et la difficulté du jeu consistent à repérer dans le décor les éléments susceptibles de vous aider, d’observer les allées et venues, bref de guetter le moment propice pour frapper, sans être vu de préférence. Il en résulte une progression hachée, où l’on recommence plusieurs fois la même scène jusqu’à connaître par cœur les déplacements des gardes, l’emplacement des objets et costumes pouvant être utiles, etc. Un concept assez exigeant, qui peut même devenir lassant à force de refaire encore et toujours les mêmes choses, jusqu’à la prochaine erreur qui fera sauter votre couverture, vous forçant à jouer du flingue. Car s’il est possible de terminer un contrat en tirant sur tout le monde, c’est de loin la manière la moins conseillée : votre score, toujours affiché à l’écran, baisse à chaque fois que vous commettez une « maladresse » (comme être repéré, tuer quelqu’un…). Bref, le jeu vous rappelle sans cesse qu’il faut mieux se comporter que ça…
Le Hitman 2012

Graphiquement, c’est via au tout nouveau moteur maison, que celui-ci permet de crédibiliser à l’extrême les environnements. Se devant d’être plus attentif que jamais aux comportements des ennemis, l’homme au code-barres se retrouve au cœur d’une véritable petite vie bien organisée vibrante de réalisme : les personnages se parlent, se déplacent, réagissent aux décors et aux moindres changements avec un naturel bluffant. Et plus impliqués que jamais, les joueurs croient forcément plus encore à la nécessité de rester discrets, de se glisser dans les reliefs de l’environnement ou d’escalader certaines bordures pour se tenir hors de vue. L’agent 47 a gagné une agilité plus féline, sachant se plaquer sur chaque surface ou se hisser athlétiquement sur la moindre corniche. Il ressemble presque au Batman des comics, en particulier lorsqu’il actionne son « instinct », capacité limitée par une jauge qui permet de visualiser les chemins de rondes ou le comportement des ennemis aux travers des murs. Idéal pour traverser les différents niveaux à la recherche se sa nouvelle cible pour ne jamais déclencher l’alarme fatale… enfin, autrefois fatale, puisque les joueurs moins doués, ou moins patients peuvent choisir à loisir d’approcher les situations comme n’importe lequel des jeux de tirs à la troisième personne.

Mais sans doute conscient du caractère élitiste du jeu, le studio IO Interactive a jugé bon d’intégrer quelques aides, comme le fameux Instinct (dont il est question plus haut), permettant de voir les ennemis à travers les murs, mais aussi les objets d’intérêt, et surtout de passer à proximité des gardes sans être repéré (en se couvrant la tête, vous parlez d’une discrétion !). Le hic, c’est que l’Instinct offre une aide somme toute assez relative, en tout cas pas suffisante pour donner un indice sur la marche à suivre aux débutants. Les puristes de l’infiltration, quant à eux, rechigneront à l’utiliser, ou préfèreront même s’en passer en jouant à la difficulté la plus élevée. Bref, l’Instinct ne satisfera vraiment personne.
Mais aussi...
Autre nouveauté, elle aussi anecdotique, l’incorporation de courtes scènes spectaculaires, destinées à donner au jeu l’ampleur d’un blockbuster (par exemple une attaque d’hélicoptère). Cela ne sert à rien, ce n’est clairement pas du Hitman, mais ça reste joli. Un peu à l’image du jeu, d’ailleurs, qui peut se targuer de graphismes très réussis et d’une gestion de la foule assez impressionnante. Bref, ce nouveau Hitman souffle un peu le chaud et le froid, entre un système de jeu très particulier, qui ne fait pas l’unanimité, mais qui possède une réalisation convaincante.