Puisque l’on s’est bien amusé dans le Mall de Dead Rising premier du nom, en démembrant du mort vivant à la chaîne à coup de téléviseur et de pommeau de douche, et que de remarquables ventes vinrent féliciter les qualités du soft, alors pourquoi Capcom se serait privé du plaisir de nous concocter un nouvel épisode ? Un nouvel univers, un nouveau héros, un nouveau challenge… Bref, on repart de zéro, avec la ferme intention de rentrer dans une aventure aussi grisante que par le passé. L’occasion de visiter Las Vegas sous un jour que l’on ne lui connaissait pas, c'est-à-dire le printemps post invasion zombie. Mais la cité du vice ne recel pas seulement de belles histoires, et tout porte à croire que la recette qui avait tant marchée en 2006 n’a pas bougée d’un centimètre, pour le plus grand bonheur des fanatiques, et au grand damne de ceux qui attendaient du changement. Alors, doit-on passer à coté de l’un des gros jeux de la fin d’année 2010 ?
Un Mall à Las Vegas

Lorsque l’on dit que le concept n’a pas bougé, c’est encore plus navrant que tout ce que l’on pourrait imaginer. En effet, hormis le changement de couleurs, de personnages et d’histoire, on nous ressert bel et bien le même plat qui n’a pas bougé d’un poil. Il a suffit aux développeurs de créer un nouveau Mall, en l’adaptant quelque peu au contexte géographique, c'est-à-dire en y ajoutant quelques salles remplies de machines à sous, et le tour était joué. Ajoutons à cela un héros des moins charismatiques, nous faisant regretter notre bon vieux Franck West, et un scénar ne parvenant pas à nous tenir en haleine plus de vingt minutes, et on obtient une mixture assez particulière, puant le manque d’idées et de talent. Rapidement, le pitch du titre se présente comme cela : Chuck Green a perdu sa femme et est en passe de voir disparaître sa fille, infectée par un virus ayant ravagé Willamette quelques temps plus tôt. Seul moyen à sa disposition pour ne pas avoir à élargir l’espace que la jeune Katey a entre les deux yeux à l’aide d’une balle de revolver, le zombrex, médicament extrêmement cher empêchant la maladie de faire effet pendant douze heures. Seulement voilà, notre bon Chuck n’est pas milliardaire, et se payer ces doctrines s’avère plus dur qu’il n’y paraissait sur le papier. Il s’engage donc dans une émission télévisée dont le but est de voir du sang caillé couler, rapportant gros. Mais les choses ne tournent jamais aussi rond qu’on le voudrait, c’est pourquoi quelqu'un se faisant passer pour lui décide de faire exploser l’enclos où sont retenus les zombies participants au show, les rendant libres d’infester Fortune City. Qui a fait ça ? Pourquoi ? Notre tronçonneur de crâne sortira-t-il vivant de cette mésaventure avec sa progéniture ? Autant de questions dont les réponses ne nous intéressent pas, le scénario de ce Dead Rising 2 étant trop plat et sans saveur. On perd ici tout l’aspect comique de l’histoire du premier, qui avait su se rendre drôle grâce au charisme de son protagoniste et à l’absurdité de son contexte, pour se plonger dans quelque chose qui semble se prendre plus au sérieux. Dommage, cette absurdité franchement amusante avait fait une grande partie de l’intérêt du premier.

Si vous vous attendiez à un paragraphe énumérant les qualités de cet opus, alors préparez vous à être surpris, car ce n’est que le début de cette descente aux enfers. En 2006, Dead Rising avait suscité un certain attrait auprès des gamers, car il était l’un des plus beaux jeux de la Xbox 360. Fluide et capable d’afficher un très grand nombre de morts vivants à l’écran, il s’avéra plutôt impressionnant, et les critiques l’ayant encensé sur ce plan sont légion. Mais l’eau a coulé sous les ponts, et on ne peut plus vraiment dire que cette prouesse technique soit encore d’actualité. Au contraire même, elle accuse franchement son âge. Le problème, vous l’aurez compris, c’est que toute la partie graphique de ce nouvel épisode est restée tel quelle. Fini donc les séances d’émerveillement devant scènes ou décors, puisque le titre est tout à fait banal sur le plan visuel. On pourra aussi critiquer les animations, qu’elles proviennent des personnages ou des zombies, celles-ci étant trop robotiques, et donc pas assez réalistes. Musicalement, on trouvera quelques titres déjà entendus, ainsi que de nouveaux collant parfaitement à l’ambiance, mais n’innovant pas pour un sous. Les dialogues sont bons, très bons même, mais ils perdent toute la dimension comique du premier, et avec elle de la saveur et de l’intérêt.
Beat them all ?

Décidément résolus à pousser le vice à son paroxysme, les développeurs n’ont pas fait bouger le gameplay d’un pouce. Seules quelques techniques spéciales, la possibilité de créer de nouvelles armes en combinant divers objets, et l'ajout de machines à mixer pour créer des cocktails alcoolisés aux effets divers, viennent apporter un peu de nouveauté dans cet afflux de recyclés. Alors, certes, la prise en main avait marché à la perfection en 2006, mais force est de constater que, quatre ans après, la notion d’ergonomie a bien évoluée. Car, pour faire simple, même la jouabilité de ce Dead Rising 2 commence à fortement dater. Mais ce non changement n’est pas forcément une mauvaise chose, ceci permettant de conserver le principe tant apprécié de pillage dans les boutiques, offrant la possibilité bienvenue de pouvoir combattre avec tout ce que l’on trouve. Sabres, revolvers, ours en peluche, sextoys, distributeurs de sucreries, chaises… Vous pourrez vous servir de quasiment tout pour démembrer vos assaillant, qu’il s’agisse de goules ou d’humains. Vous pourrez même vous servir de véhicules motorisés, déblocables au mont de piété (boutique fondée par les malfrats du coin), très efficaces. C’est donc un réel défouloir auquel on pourra s’adonner.

Une fois de plus, nous devrons regarder notre montre régulièrement, afin de ne pas manquer les évènements importants, ou de ramener le zombrex à Katey avant que sa vie ne touche à son terme. Ce stress constamment généré par la présence d'un réel compte à rebours (s'arrêtant à l'arrivée de l'armée dans les lieux) en agacera plus d'un, ceux-ci étant contraints à tout le temps bouger pour pouvoir suivre le scénario. Certes, il est possible de s'arrêter et de faire ce que bon nous semble, comme sauver les survivants se terrant dans les boutiques, mais ceci vous empêchera tout bonnement de terminer le jeu avec la meilleure fin. Il faudra donc faire un choix crucial : scénario ou exploration, tout en sachant qu'à l'instar du premier, on pourra refaire le jeu autant de fois que l'on voudra, tout en gardant notre expérience. Ce dernier point est d'ailleurs très important, puisque vous croiserez souvent des psychopathes en voulant à votre peau, et qu'ils sont coriaces et puissants. Il est donc recommandé de s'adonner au sauvetage et à la tuerie pour monter en niveau, et obtenir une force supérieure, de nouvelles techniques dévastatrices, et un inventaire plus grand.
Un dernier mot
Vous l'aurez compris, Dead Rising 2 est victime du manque de prise de risques de ses développeurs. Le gameplay n'a pas bougé, tout comme la réalisation, bien qu'un peu plus colorée. Pourtant, on sent bien qu'on est pas passé à coté d'un gros hit, mais bon... Après avoir été enthousiasmés par le premier, doté d'une histoire pleine de clins d'oeil et de psychopathes drôles mais effrayants, on ne pouvait qu'être déçu par celui-ci, résolument moins bon. Même la grosse nouveauté, c'est à dire la création d'armes dans l’atelier, s'avérera vite ennuyeuse, et son intérêt limité. Dommage qu'après quatre ans d'attente interminable, le soft ne soit pas à la hauteur.